​« Je n’ai pas le temps », dit le/la spectateur.trice en retard qui court pour arriver à l’heure au début du spectacle. 

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« J’ai couru toute la journée ». Et le/la voilà qui, enfin, s’installe dans les deux conditions merveilleusement reposantes du théâtre : le temps va s’interrompre pour une durée déterminée et il/elle n’est plus observé.e, ni par les autres, ni par son téléphone. L’état d’urgence s’arrête. 

Interroger le temps dans un spectacle musical, c’est questionner la durée, l’instant, le passé, le présent et le futur, mais le rythme aussi, c’est se rencontrer autour d’une question universelle et en faire une fête. Au-delà de notre condition, nous partageons cette question fondamentale qui fait du futur une angoisse et du passé une mélancolie. 

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S’approcher de questionnements universels m’a semblé possible, dès lors que nous avons la possibilité de superposer le temps du spectateur avec celui de plusieurs conditions, et particulièrement si la spécificité de cette condition nous offre une appréhension particulière du temps et du regard de l’autre : nous avons choisi d’écrire ce spectacle avec des détenus, des patients en longue maladie et des personnes sans domicile. 

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L’échange et la réalisation du projet avec ces partenaires deviennent alors un échange gagnant- gagnant. La plateforme du théâtre offre un espace bienveillant pour bâtir, ensemble et dans la confiance, un projet de rencontre avec un public. Il considère dans ce contexte leur condition spécifique en plus-value, en expertise qui nous sont précieuses pour appréhender ces questions. 

Il offre une aptitude à séparer nos conditions spécifiques, nos jugements de valeurs, nos situations, de notre condition humaine. Il invite à faire de chaque spécificité un regard vers l’Autre.

Olivier Fredj