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Combattimenti  
Theater an der Wien - Kammeroper - Vienne
C. Monteverdi / David Bergmüller

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Mise en scène                                          OLIVIER FREDJ

Direction Musicale

DAVID BERGMÜLLER

Décors & Vidéo                                              THOMAS BOUDEWIJN

Costumes                                                  PETRA REINHART

Lumières                                                   

FRANTZ TSCHECK 

 

Dramaturgie

KAI WESSLER 

 

 

avec 

Ferran Albrich Solà

 

Johanna Rosa Falkinger

 

Luciana Mancini

 

Ambra Biaggi

 

Ilyà Dovnar

 

Lazar Parežanin

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Chers ami.e.s, 

 

Nous vous souhaitons la bienvenue et sommes heureux de partager cette soirée avec vous aujourd’hui. Vous prenez place dans cette ancienne salle de bal devenu le Kammeroper, comme il y a quatre cents ans un public masculin trié sur le volet pénétraient dans le « portego » d’un certain Girolamo Mocenigo, pour une veillée de la période de Pâques. 

Il y a 400 ans, vous auriez été invité pour être diverti, impressionné et pour valoriser votre hôte. Vous seriez un lecteur d’Aristote et des principes du théâtre grec. Le poème « Gerusalemme liberata » du Tasse serait un best-seller que vous tous auriez lu (ou tout au moins prétendu avoir lu). Le sujet des croisades serait une évocation évidente de la situation géopolitique de votre pays : la menace ottomane dont pourtant vous dépendez économiquement, et la pression de l’Espagne catholique à laquelle vous êtes lié historiquement et culturellement. Vous participeriez à des discussions animées sur la crise de croyance de la Renaissance, usant sans doute de la Métaphore d’un autre best-seller, Dante et son Enfer, qui définit l’état du monde comme une « selva scura », une forêt sombre dans laquelle l’homme vit en confusion. 

Vous seriez sensible à ce que l’art présente comme regard sur le passé pour appréhender le futur. 

Vous seriez donc familier de l’histoire de Tancrède et Clorinthe. Sauriez que cette dernière était la fille de la reine chrétienne d’Éthiopie, mais qui, élevée par une famille musulmane, n’avait jamais été baptisée et s’était engagée dans l’armée musulmane se défendant contre les croisés.  Vous connaitriez, sans qu’on vous le montre, l’amour lointain qu’avait développé Tancrède à l’égard de Clorinthe, qu’il confondra pour son ennemi masculin lorsqu’il la verra dans son armure. 

Musicalement, vous seriez contemporain d’une musique polyphonique à caractère religieux dans laquelle le texte est musique avant d’être signifiant. Jamais la musique que vous connaissez n’aura connu d’effets réalistes ni de lien avec l’action. Le style ‘concitato’ exprimant la violence vous est inconnu pour quelques minutes encore et sa découverte sera une des révolutions musicales de la soirée qui vous attend. 

En en sortant, vous seriez sans doute choqué, surpris, parleriez avec ferveur de l’effet sonore des cordes imitant le galop d’un cheval. Vous seriez peut-être mécontent mais quoi qu’il en soit témoin d’un succès incontestable. 

 

Nous voici 400 ans après. La salle de danse est un théâtre et vous avez payé votre ticket pour vous divertir, entendre cette musique ancienne et ses sonorités particulières, observer cet ancêtre de l’opéra, en un mot faire une sortie culturelle. 

Vous avez sans doute, dans la journée, entendu parlé de l’Ukraine, du Moyen-Orient, de l’état du monde et de sa polarisation entre l’orient et l’occident, de son futur climatique anxiogène, de la crise des croyances (sociales, politiques ou religieuses) et des fake news, notre « selva scura » contemporaine.

Certains de vous ont lu le Tasse, connaissent Tancrède et Clorinthe, mais sans doute êtes-vous beaucoup moins nombreux. Chacun pourtant connait Roméo et Juliette ou la guerre froide. Conscient qu’en amour comme en guerre, l’histoire se répète. 

Vous êtes sans doute sensible à ce que l’art présente comme regard sur le passé pour appréhendez le futur. 

Beaucoup d’entre vous ont vu des blockbusters, des films d’actions, avec leurs effets spéciaux créés par l’intelligence artificielle, leurs effets sons digitaux ou des bruiteurs, les « folly artists ». Vous écoutez chez vous votre musique avec des oreillettes ou du matériel audio qui vous permet d’augmenter le volume a l’envi. 

Votre idée d’un effet son de galop de cheval amateur se résume à deux noix de coco dans un film des Monty Python. 

Vous attendez pour certains le respect presque religieux de la musique de Monteverdi, pour d’autres un point de vue contemporain, un acte théâtral et musical fort. 

Prenez place. Nous espérons qu’en sortant, vous serez peut-être choqué, surpris, parlerez avec ferveur des choix musicaux ou de la mise en scène. Que vous serez peut-être mécontent ou ravi, mais, quoi qu’il en soit, que vous serez témoin d’un succès.

Avec 400 ans d’écart, nous faisons, comme Monteverdi dans la préface du Combattimento di Tancredi e Clorinda, cet humble constat : 

Omne principium est debile 

Tous les débuts sont fragiles. 

Nous avons hâte de partager celui-ci avec vous. 

metteur en scène

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